Le
comité de pilotage de la Concertation Nationale sur l'Avenir de
l'Enseignement supérieur au Sénégal a approuvé un rapport général sur
les différents ateliers de partage qui ont eu lieu du 6 au 9 avril 2012 à
Dakar.
Par
conséquent, les étudiants se disent inquiets sur certaines décisions
prises lors de ces quatre jours d'échange. C'est dans ce cadre que nous
avons lancé une discussion sur internet via les réseaux sociaux pour
permettre à certains étudiants de s'exprimer sur l'état actuel de
l'enseignement supérieur du pays. Ainsi, nous avons remarqué que
différentes idées y sont sorties. Du coup, l'idée d'aller à la rencontre
du Ministre de l'enseignement supérieur nous est venue afin d'apporter
quelques éclaircissements sur ces rumeurs qui circulent dans le milieu
estudiantin sénégalais. Ainsi, M. le Ministre Mary Teuw Niane nous a
accordé un entretien.
Monsieur
le Ministre, tous les étudiants se disent que les frais d'inscription
seront augmentés de même que les tickets pour la restauration.
Qu'avez-vous à leur répondre ?
M. Mary Teuw Niane: Il
y aura sans doute une étude de faisabilité au niveau des œuvres
sociales, du coût des chambres, etc. Les gens qui payaient en 1963, 3000
f la chambre, ce n’est pas raisonnable de payer le même montant en
2013. C’est la même chose, payer 6000 f les droits d’inscription, 4300 f
et quelques en 1963, ce n’est acceptable de payer la même chose
actuellement. Ce n’est pas raisonnable ! Et il faut dire aux gens ce qui
est raisonnable.
Nous
notre objectif, c’est que nos universités publiques forment des
étudiants de même qualité ou de meilleures qualités que des étudiants
qui vont se former à l’étranger. Comme c’est dit dans la concertation,
le label « Étudier au Sénégal » est pour nous un label qu’il faut
développer. On ne peut le développer dans la médiocrité.
Est-ce qu’il faut continuer? Que les étudiants s’entassent comme ils s’entassent dans les amphithéâtres ?
Non ! il faut changer cela. Et pour changer cela, il faut que chacun apporte une part de sa contribution.
Je
mettrai une commission ad hoc dans les jours à venir. Et quand le
Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) et le Centre régional
des œuvres universitaires de Saint-Louis (CROUSS), l’audit aura été
faite, parce que il faut un audit pour voir comment ça marche. Et après
il y aura une commission ad hoc dont les étudiants seront membres pour
fixer des prix raisonnables, mais les prix pratiqués aujourd’hui ne sont
pas raisonnables.
Une autre question qui préoccupe les étudiants : est-ce que le l’État supprimera la généralisation des bourses et aides ?
M. Mary Teuw Niane: L’État
n’a jamais dit qu’il va supprimer la généralisation des bourses. C’est
ça l’analyse aussi bien du pré-rapport de la concertation que l’analyse
même de la concertation : Il faut rationaliser la gestion des bourses,
il faut apporter l’équité dans l’attribution des bourses. Parce que les
bourses, c’est un moyen d’orientation politique de l’enseignement
supérieur. Donner à tout le monde des bourses, non seulement, ce n’est
pas raisonnable mais ce n’est pas équitable. Que mon enfant ait une même
bourse que le fils de paysan, ce n’est pas équitable. Il nous faut
seulement dire, regardons comment donner ces bourses. Est-ce que
aujourd’hui, par exemple les étudiants qui font la science, la
technologie, qui font l’agriculture, l’élevage qui sont des priorités
nationales, ceux-là ne devraient pas être prioritaires ? Est-ce que le
fils d’ouvrier, le fils de paysan, l’orphelin ne devraient pas être
prioritaires par rapport aux fils de cadres, de ministres, de députés et
autres ? Je crois qu’il nous faut revenir à une réalité ? Nos
universités doivent être bien équipées, et il n’est pas, à mon avis,
raisonnable que 70% des ressources soient le social et que le
pédagogique n’est que 30%. Je pense que c’est quelque chose de tout à
fait simple, que tout le monde peut comprendre . Ainsi il faut seulement
dire la vérité aux gens.
Maimouna Pam, étudiante à la FASEG
J'interpelle
le Ministre sur le montant des bourses. Je pense que 38.000f ou 18.000f
ne permettent pas à un étudiant de vivre correctement ici à Dakar.
Peut_-on s'attendre à une augmentation de ce montant ?
M. Mary Teuw Niane: Moi
je considère qu’on a une masse de quarante milliards pour les bourses.
Les universités réunies pour faire fonctionner le pédagogique ne
reçoivent pas trente milliards. Ce qui est le plus important, c’est que
les étudiants soient dans de meilleures conditions d’études, qu’ils
aient les appareils qu’il leur faut pour faire leurs travaux pratiques,
qu’ils soient dans de petits groupes où ils peuvent travailler et bien
encadrés. Parce que, une grosse partie des étudiants qui sont dans nos
universités publiques sont quant même issus de couches défavorisées. Il
ne serait pas raisonnable pour le pays, que ces étudiants-là soient dans
des universités de seconde zone et que ce sont ceux qui ont les moyens
qui envoient leurs enfants à l’étranger ou dans des écoles privées
huppées qui, dont les enfants vont avoir les meilleures formations. La
mission première de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est
de donner une formation de qualité aux étudiants, ce n’est pas d’assurer
la popote.
Diatou Waly Sène - Département Anglais
Monsieur
le Ministre comment comptez-vous faire avec vos collaborateurs et tous
les acteurs du système pour réformer l'enseignement supérieur et mieux
pour l'adopter à nos réalités, faire de sorte que ça soit adéquat avec
le marché de l'emploi […]?
M. Mary Teuw Niane: Je
la remercie beaucoup, parce qu’elle pose la problématique qui remet en
cause tout ce qui a été dit. Les filières qu’elle veut faire ce sont des
filières qui demandent des ressources. Si vous voulez faire de la
logistique, il faut que vous ayez les moyens, que vous soyez bien équipé
en informatique, que les étudiants aient la possibilité d’aller au
port, à l’aéroport, d’aller dans les gares de visiter des ports de la
sous région etc. Cela demande des ressources, c’est pourquoi on ne peut
pas tout mettre dans le social. Si on veut faire du multimédia ou bien
de la traduction, il faut avoir des laboratoires de langues. C’est
coûteux, il faut les équiper. Et l’encadrement ne peut être qu'en petits
groupes. Donc il nous faut mettre le plus de moyens dans l’enseignement
supérieur, dans la formation et dans l’équipement. Et c’est comme cela
que nous allons créer des filières professionnelles. C’est aussi changer
la mentalité des enseignants, et aussi de ceux qui gèrent nos
institutions d’enseignements supérieurs. Il est plus facile de continuer
depuis vingt ans, trente ans, à enseigner la littérature britannique ou
la, littérature française. On devrait pouvoir s’interroger au niveau de
ces filières, quelles sont les nouvelles opportunités que ces filières
offrent ?
Elle
est cultivée, elle a vu pas mal de filières qu’elle peut faire. Et
c’est en cela que nous allons grâce à la Direction de l’Enseignement
Supérieur, grâce aussi à la réforme LMD (License-Master-Doctorat),
revoir les filières de formations, revoir les méthodes de formations et
c’est en cela que les contrats de performance vont apporter un plus.
Parce que ces derniers vont apporter les moyens qui permettront
d’équiper et de créer un environnement de travail pour mettre en place
ces nouvelles filières dont elle parle.
A suivre (deuxième partie)
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